Cranagh - La différence entre la vraie religion du Christ et la fausse doctrine de l'Antéchrist.

    

Cranagh l'Ancien. Gravure sur bois colorée au pochoir, réalisée vers 1545.

Le peintre, proche de Luther, y fait l'apologie du luthéranisme (côté gauche) et la satire du catholicisme (côté droit). Du côté luthérien c'est le Christ en personne qui fait office d'intercesseur auprès de Dieu, tandis qu'à l'opposé c'est la figure de Saint-François qui se détache. Le prédicateur réformé s'appui sur la Bible qui semble en définitive la seule autorité faisant foi, soutenue par la parole; il est relié directement à Dieu. Le baptême et la communion sous les deux espèces sont mis en valeur rappelant le dépouillement de la nouvelle religion, qui se veut en fait un retour à la pureté originelle, un fondamentalisme plus virulent que ses prédécesseurs et totalement héritier des hussites. L'ordre, la paix et la sérénité règnent du côté de Luther. A l'opposé le moine prêche sans le texte, tous se tournent vers les indulgences si décriées, marquant la perfidie papiste. La messe tournée vers l'autel rappelle que le rite catholique est un rite marqué par le mystère, en quelque sorte élitiste, devant rester inaccessible dans son essence afin de laisser le peuple aveugle. C'est ici l'extrême onction qui est mise en valeur faisant définitivement de la foi catholique une religion de mort, incapable d'assurer le salut du pêcheur et lui proposant tout un panel de pis-aller: procession, pèlerinage, bénédiction d'une cloche; rien qui ne puisse le conduire au salut, puisque encore une fois, contre la tradition guidée par l'Esprit Saint, la vérité luthérienne c'est Sola Scriptura (seul le texte saint inspiré par l'Esprit Saint a valeur normative, éclairé par la prédication).